Un article précédent a abordé le Lean Construction Management (LCM ®) en tant que modèle alternatif au Last Planner System et ainsi qu’au Takt Planning & Control. Cet article examine plus en détail le déploiement des systèmes de cartes Kanban et des signaux Andon.
Les projets de construction d'aujourd'hui sont très complexes. Et la visualisation peut aider. En effet, le cerveau humain traite les informations visuelles plus rapidement que les informations écrites ou orales. Malgré cela, la visualisation et le niveau élevé de transparence des processus qui y est associé sont rarement présents sur les chantiers de construction d'aujourd'hui. C'est ce qui a donné naissance à LCM ®. LCM ® utilise la planification visuelle. Il adapte les systèmes Kanban utilisés dans le Lean Management venant du secteur automobile à la phase d'exécution des projets de construction. Le processus d'exécution de la construction peut ainsi être programmé dans les moindres détails et au jour près, puis être contrôlé de manière flexible sur le chantier. Le LCM ® favorise la visualisation du projet et la collaboration entre toutes les parties prenantes en ce qui concerne les processus de construction et les séquences des différents lots de travaux. Si les temps morts ne sont pas rares sur de nombreux chantiers, ils seraient impensables dans l'industrie manufacturière, où les processus sont si bien réglés que chaque seconde est minutieusement remplie et que chaque mouvement est parfait.
Sur les chantiers de construction, en revanche, c'est souvent le chaos total ! Cette situation pourrait être évitée grâce à des moyens simples tels qu'une meilleure planification avant le début des travaux et l'utilisation d'un système de cartes Kanban comme outil de planification et de contrôle sur chantier. Comme dans toute installation de production, le planning détaillé avec l'aide de cartes Kanban constitue un outil de contrôle visuel important pour les sous-traitants et l'entrepreneur général. La séquence de construction pour les quatre semaines à venir est affichée à l'avance sur le tableau et planifiée au jour près. En tant qu'outil physique simple, il permet à tous les participants au projet de discuter de la planification détaillée sur chantier et de planifier les travaux de construction trois à quatre semaines à l'avance. Les activités individuelles, les chiffres clés et les actions à entreprendre peuvent être lus sur le tableau des quatre semaines.
Chaque corps de métier a sa propre couleur ou ses propres hachures. Les activités quotidiennes de chaque corps de métier sont notées sur les cartes. Chacun peut ainsi savoir exactement ce que chaque exécutant fait actuellement et à quel endroit. Chaque carte représente l’objectif du jour pour le corps de métier concerné. Toute perturbation du processus de construction est identifiée à un stade précoce. À cet égard, le système LCM ® agit toujours comme un système d'alerte précoce. Ce système est illustré à la figure 1.
La figure 1 est un exemple de prévision sur trois semaines. Au départ, lorsque le tableau a été entièrement rempli, l'équipe identifie un certain nombre de problèmes, qui surviennent tous le même jour ou en l'espace d'une semaine. Le temps est trop court pour trouver une solution systématique ou une solution de secours, ce qui entraîne une plus grande instabilité dans les processus et beaucoup de "jouer les pompiers". Environ une à deux semaines après l'installation de la carte, l'équipe du chantier est en mesure de répartir les problèmes sur l'ensemble du tableau, de sorte qu'ils ne soient pas tous traités en même temps. Au bout de quatre à six semaines, la plupart des problèmes sont répertoriés sur le tableau au cours de la dernière semaine, et trois à quatre semaines suffisent généralement, à ce niveau de détail, pour résoudre les problèmes.
Une fois par semaine, une réunion est organisée autour du planning afin de discuter des travaux des trois semaines à venir et de planifier la quatrième semaine (voir figure 2). Chaque contractant remplit ses cartes pour la quatrième semaine avant la réunion. Chaque carte représente une unité de travail par jour et par équipe. La quatrième semaine est ensuite planifiée ensemble sur le tableau (les cartes sont placées dans leurs zones de travail respectives sur le dessin, les tâches sont définies et les problèmes éventuels sont identifiés). Les cartes Kanban contiennent toutes les informations relatives à un lot de travail quotidien par équipe/métier et, comme indiqué précédemment, chaque équipe ou métier a sa propre couleur ou hachure.
Outre les cartes de construction pour chaque entreprise, il existe d'autres types de cartes (voir figure 3) :
- Cartes des Zones de Travaux: Elles sont placées dans la colonne de gauche du tableau Kanban et indiquent les zones de travaux du projet. La colonne de gauche est également appelée Index Board.
- Carte Problème: Elles sont rouges et représentent une contrainte de temps dans le processus. C'est placé en face de la carte qui pose problème. La carte problème adapte le principe de la lampe d'Andon, issu du Lean Production, au chantier de construction.
- Carte STOP: Une carte STOP est utilisée pour indiquer qu'il n'y aura pas d'activité dans une zone spécifique pendant un certain temps (par exemple, pour permettre à la chape de durcir jusqu'à ce qu'elle soit prête à être piétinée). Cela signifie qu'il est interdit de pénétrer dans la zone de travail ou que le travail doit être interrompu dans cette zone.
- Carte Objectif: La carte Objectif est placée après la dernière tâche en cours effectuée dans cette zone de travail.
- Carte de Fin Planifiée: La carte de fin planifiée indique l'objectif initialement planifié dans une zone. La Carte de fin peut être placée avant ou après la carte de fin planifiée. Cela permet de voir l'écart par rapport aux objectifs initiaux.
Le Pourcentage des Promesses Tenues (PPT) est calculé en divisant le nombre de cartes terminées (tournées pour montrer le verso vert) par le nombre total de cartes planifiées par métier/équipe et par jour. Le PPT est l'un des principaux indicateurs de performance du système LCM ®. Il n'indique pas les écarts de planning conventionnels de l'entrepreneur, mais documente la stabilité quotidienne du processus de construction. À intervalles cycliques définis, tous les participants se réunissent dans la salle Lean désignée. Le LCM ® rend les processus sur le chantier de construction stables et fiables 80 à 95 % du temps. La stabilité est une garantie que les projets de construction seront achevés dans les délais et dans le respect du budget, et qu'ils offriront en fin de compte la qualité exigée par le client.